Histoire d’Orange

La fondation romaine

Si la présence de l’homme est attestée dès l’époque préhistorique sur la colline Saint-Europe, l’histoire du site, avant la colonisation romaine, demeure assez vague. Il est toutefois très probable que ce territoire appartenait à la tribu celte des Triscastini, branche de la confédération Cavares.

C’est vers 35 avant JC que le destin de la future Orange prend un nouveau cap en devenant une colonie romaine. Fondée afin de recevoir les légionnaires de la seconde légion gallique, la colonia Julia Secundanorum Arausio, comprend la région s’étendant de Montélimar à Orange.

Comme son théâtre le laisse aisément supposer Orange fut l’une des plus importantes villes romaine de Provence.
Les remparts (dont on n’a retrouvé que peu de traces) dessinaient un hexagone allongé allant de l’arc municipal à la colline Saint-Europe. La ville semble située au croisement de deux voies importantes : celle de Lyon à Avignon et celle de Vaison, se dirigeant vers Caderousse pour franchir le Rhône. Ces deux voies se discernent encore dans la topographie actuelle de la ville.
Partant de l’Arc de Triomple, une voie impériale menait à un centre monumental comprenant le Forum, le théâtre et des temples s’étageant jusqu’au sommet de la colline.

Orange : évêché et principauté

Après l’épisode remarquable de la colonisation romaine, Orange devient un évêché avant la fin du IVème siècle. Il faudra cependant attendre le IXème siècle pour que la ville ne revienne à nouveau au premier plan de la scène historique. En effet, Guillaume au Cornet, parent de Charlemagne, comte de Toulouse, qui aurait reçu la seigneurie d’Orange, se distingue lors de la lutte qui oppose les Francs et les Sarrasins. Guillaume au Cornet laissera son emblème à la ville : un cor.
En 1096, Rambaud de Nice, un descendant (ou successeur) de la dynastie fondée par Guillaume Cornet, répond à l’appel de Pierre l’Ermite et part à la croisade. Sa fille, Tiburge, fonde la principauté qui, à l’origine comprenait Orange, Jonquières et Courthézon. En 1173, Orange passe à la maison des Baux et, à la mort de Raymond V de Baux, en 1393, la principauté échoit à son gendre, Jean Ier de Châlon et demeurera dans cette lignée jusqu’en 1530.

Orange aux mains des Nassau

A la mort de Philippe de Châlon, la principauté passe à son neveu : René de Nassau, membre de la célèbre famille protestante hollandaise. Dans le contexte particulièrement troublé des guerres de religion, la principauté, voisine des états pontificaux, devient rapidement une terre d’accueil pour les protestants chassés des pays voisins (Cévennes et Dauphiné). Les guerres de religion éprouvent alors considérablement la principauté, dont Maurice de Nassau fera fortifier la ville, en faisant une place forte dominée par une puissante sur la colline.
En 1672 éclate une guerre entre Louis XIV et le prince d’Orange, stathouder de Hollande, le plus fameux personnage de sa lignée puisqu’il allait devenir Guillaume III, roi d’Angleterre. Louis XIV fait alors occuper et raser la citadelle. Guillaume ne retrouvera ses possessions qu’en 1678, lors de la paix de Nimègue, avant de les perdre définitivement au profit de la France en 1713, par le traité d’Utrecht.

Précis, particulièrement géométrique, le cadastre d’Orange est aux antipodes des réalisations cartographiques médiévales, beaucoup plus approximatives et fantasmatiques. Le cadastre d’Orange (qui en réalité se compose de trois ensembles d’époques et d’échelles différentes mais aux techniques d’élaborations proches) est, à l’image d’ailleurs de son fabuleux théâtre, un témoignage historique ayant peu d’équivalents.
Gravés sur des plaques de marbre, à l’échelle d’environ 1/5000e, ces plans furent affichés dans la ville en 77 après J-C suite à une décision de l’empereur Vespasien, qui voulait obtenir la restitution des terres publiques, que des particuliers s’étaient appropriés au fil des ans.
Simplement dénommés A, B et C (faute de connaissances suffisantes), les fragments du cadastres d’Orange ont été découvert au cours des années 50 sous les murs de la ville par le Chanoine J. Sautel. Il s’agissait alors d’un véritable puzzle Que J. Sautel pu reconstituer grâce à la collaboration de l’historien André Piganiol.
Comme les Grecs, dont ils étaient dans ce domaine les héritiers, les romains avaient une vision particulièrement rationnelle de la terre. C’est pour cette raison que les cadastres sont organisés selon deux axes orthogonaux : le décumanus maximus et le cardo maximus, convenablement orientés par rapport au soleil. A partir de ses axes les géomètres organisaient un maillage dont la base était les centuries (1 centurie = 707,50 m, notons que la centurie était à la fois une division géographie et administrative). A l’intérieur de ces cadres figuraient les éléments topographiques les plus importants : fleuves, îles, rivières et voies romaines.
Le cadastre B est le plus complet. Couvrant la vallée du Rhône depuis Orange jusqu’à Montélimar, son origine se situe près de Lapalud. Il est toutefois délicat d’avoir les mêmes certitudes à propos des cadastres A et C, pour lesquels on ne peut guère dresser que des hypothèses. D’après Piganiol le plan C représenterait l’île de la Piboulette en face de Caderousse. D’autres plaçaient ce cadastre plus au nord, du côté de Valence…Concernant le plan A on ne peut par contre faire aucune proposition crédible.
Outre les précieux renseignements historiques que nous apportent ces vestiges, il est intéressant de constater que l’organisation romaine s’est durablement et imperceptiblement imposée dans le paysage. En effet, les exploitants des parcelles délimitées par les cadastres ont progressivement matérialisé leurs limites en bâtissant haies, fossés ou encore chemins. Pérenne, cette organisation est encore visible de nos jours.